La mort de Molière
Les circonstances

Une autre version est donnée par le registre où La Grange a conté le drame quelques jours plus tard : « Vendredi 17, part 39 livres. Ce même jour après la comédie, sur les 10 heures du soir, M. de Molière mourut dans sa maison rue de Richelieu, ayant joué le rôle du Malade imaginaire, fort incommodé d’un rhume et fluxion sur la poitrine qui lui causait une grande toux, de sorte que, dans les grands efforts qu’il fit pour cracher, il se rompit une veine dans le corps et ne vécut pas demi-heure ou trois quarts d’heure depuis ladite veine rompue, et est enterré à la paroisse Saint-Joseph, aide de la paroisse Saint-Eustache. Il y a une tombe élevée d’un pied de terre. »
La notice biographique des Œuvres de Molière, de La Grange et de Vivot publiées en 1682 : Le 17 février, « il fut si fort travaillé de sa fluxion qu’il eut de la peine à jouer son rôle. Il ne l’acheva qu’en souffrant beaucoup, et le public connut aisément qu’il n’était rien moins que ce qu’il avait voulu jouer (…) La comédie étant faite, il se retira promptement chez lui, et à peine eut-il le temps de se mettre au lit que la toux continuelle dont il était tourmenté redoubla de violence. Les efforts qu’il fit furent si grands qu’une veine se rompit dans ses poumons. Aussitôt qu’il se sentit dans cet état, il tourna ses pensées du côté du Ciel ; un moment après, il perdit la parole, et fut suffoqué en demi-heure par l’abondance du sang qu’il perdit par la bouche. »
Le récit de Grimarest dans sa Vie de Molière, éditée en 1705. Grimarest, qui n’aime pas Armande, a fondé son récit sur les confidences de Baron dont il amplifie souvent le rôle : La représentation commence à 4 heures. En prononçant le juro de la cérémonie finale, il est pris d’une convulsion. Les spectateurs s’en aperçoivent. Il cache « par un ris forcé » ce qui lui est arrivé. « Quand la pièce fut finie, il prit sa robe de chambre et fut dans la loge de Baron, et il lui demanda ce que l’on disait de sa pièce. » Il a froid. Baron lui trouve les mains glacées et s’en inquiète. Il le fait ramener chez lui en chaise à porteurs. Une fois Molière dans sa chambre, Baron veut lui faire prendre du bouillon. Il n’en veut point. Il le trouve trop fort. « Donnez-moi plutôt un petit morceau de fromage de Parmesan. » Au bout d’un moment, il est pris d’une forte crise de toux. Baron, voyant le sang qu’il rend s’en effraie. Il demande à Baron de faire venir sa femme. « Il resta assisté de deux sœurs religieuses. » Elles quêtaient pour le Carême et il les hébergeait chez lui. « Elles lui donnèrent à ce dernier moment de sa vie tout le secours édifiant que l’on pouvait attendre de leur charité. » Il rendit l’esprit entre les bras de ces deux bonnes sœurs. « Le sang qui sortait par sa bouche en abondance l’étouffa. Ainsi quand sa femme et Baron remontèrent, ils le trouvèrent mort. » Grimarest a omis la plupart des détails contenus dans la requête d’Armande à l’archevêque de Paris : la recherche d’un prêtre, les allées et venues qui ont duré plus d’une heure et demie, la présence à son chevet de Couton entre les bras duquel il est mort. « Aussitôt que Molière fut mort, Baron fut à Saint-Germain en informer le roi; Sa Majesté en fut touchée et daigna le témoigner. » Grimarest ne dit pas en quels termes.
No hay comentarios.:
Publicar un comentario