martes, 22 de abril de 2014


Monsieur de Pourceaugnac

 


C'est une pièce de théâtre française, écrite par Jean-Baptiste Poquelin dit Molière, à l'origine d'une comédie-ballet représentée pour la première fois dans la province de l'Orléanais, au château de Chambord, pour le divertissement du roi de France Louis XIV, le 6 octobre 1669, et donnée pour la première fois en public à Paris, au théâtre du Palais-Royal, le 15 novembre 16691.

Dans l'œuvre de Molière, Monsieur de Pourceaugnac se situe chronologiquement après L'Avare écrite en 1668 et avant Les Amants magnifiques créée en 1670. C'est l'une des deux comédie-ballets de Molière et l'une des quatre pièces produites pour la cour du Roi.







 
 Synopsis

Deux jeunes amants, Éraste et Julie, vivent à Paris. Ils se rencontrent en secret de peur qu'Oronte, le père de Julie, découvre leur relation. Oronte a donné sa fille en mariage à un certain Léonard de Pourceaugnac, bourgeois de Limoges. Dégoûtés par cette idée, les deux amants font appel à une entremetteuse, Nérine et un fourbe napolitain Sbrigani, pour contrer le projet d'Oronte. Dès son arrivée, la ville entière essayera de ridiculiser le nouvel arrivant, et de le dégoûter de la vie urbaine.

Éraste survient et dit reconnaître en monsieur de Pourceaugnac un ancien ami, bien qu’ils ne se soient jamais vus, de sorte que celui-ci accepte l’hospitalité qui lui est proposée. Après avoir gagné sa confiance, Sbrigani et Éraste, feignant de le protéger, emploient de multiples moyens pour se débarrasser de lui. Ils persuadent deux médecins que monsieur de Pourceaugnac est fou, mais plus il proteste, plus l'étranger est menacé de saignées et de lavements. Après avoir échappé de justesse à une phlébotomie complète, monsieur de Pourceaugnac est accusé par un soi-disant marchand flamand d'avoir d’innombrables dettes envers lui. Peu après, Sbrigani vient trouver le Limousin pour le convaincre de ne pas épouser Julie, car elle serait une vilaine coquette. Cette dernière rentre alors soudainement en scène et affirme être follement amoureuse du jeune malheureux. Monsieur de Pourceaugnac, persuadé de la coquetterie de sa promise refuse de l'épouser. Au moment où il veut quitter la scène, deux femmes s'acharnent sur lui et affirment qu'il est leur époux et le père de leurs multiples enfants. Monsieur de Pourceaugnac, accusé de polygamie n'a alors qu'une dernière possibilité : la fuite. Et c'est vêtu d'un habit de femme, qu'il réussira à échapper à la justice. Sbrigani convainc alors Oronte que monsieur de Pourceaugnac lui a enlevé sa fille et ce n'est qu'en feignant de la sauver, qu'Éraste obtiendra la bénédiction d'Oronte qui acceptera enfin, le mariage des deux amants.












lunes, 21 de abril de 2014


L’Avare 

 

C'est une comédie de Molière en 5 actes (comportant respectivement 5, 5, 9, 7 et 6 scènes), écrite en prose, jouée pour la première fois au Théâtre du Palais-Royal le 9 septembre 16681. Le sujet est inspiré d’une pièce de Plaute intitulée La Marmite.




Résumé :

Harpagon, l’avare, n’aime que son argent ; il ne voit que des voleurs autour de lui, il soupçonne tout le monde de vouloir lui voler son argent. Son fils et sa fille causent-ils à part : « Je crois, dit-il, qu’ils se font signe l’un à l’autre de me voler ma bourse. » Il fouille le valet de son fils ; après avoir visité ses deux mains, il demande les autres. Il refuse à ses enfants le nécessaire, et son fils, réduit à manquer de tout, devient joueur. Harpagon l’apprend et au lieu de lui reprocher ce vice, il lui conseille de placer à gros intérêt l’argent qu’il gagne au jeu. L’Avare songe à établir ses deux enfants sans s’inquiéter le moins du monde de leurs goûts, il a fait choix d’une riche veuve pour son fils Cléante, et pour sa fille, Élise, du seigneur Anselme, un homme mûr qui n’a pas plus de cinquante ans, mais noble, doux, posé, sage et fort riche. Son intendant, Valère, qui aspire secrètement à la main d’Élise, lui fait quelques objections.  


Harpagon n’a hâte d’établir ses enfants que pour épouser lui-même une jeune fille pauvre dont la beauté l’a charmé et qui apportera en ménage, à défaut de fortune, mille qualités précieuses, beaucoup de frugalité et d’économie. Il se croit obligé de l’inviter à diner, mais il s’agit de dépenser le moins possible. Harpagon tente de s’entendre avec son cuisinier, qui est aussi son cocher, dans une scène du dernier comique.  

Pendant le repas, Harpagon découvre que son fils est épris de cette même Marianne qu’il veut épouser. Mais tout à coup, un affreux malheur vient lui faire oublier tous ses projets. Il s’aperçoit qu’on lui a volé sa cassette qu’il tenait enfouie dans son jardin et qui contenait dix mille écus. Son désespoir est au comble. Il accourt, sans chapeau, et s’écrie : « Au voleur ! au voleur ! à l’assassin ! au meurtrier ! Justice, je suis perdu, je suis assassiné ! on m’a coupé la gorge : on m’a dérobé mon argent. »

Il appelle à son aide, commissaires, archers, prévôts, juges, potences, bourreaux.

Maître Jacques, qui a à se plaindre de l’intendant Valère, l’accuse de ce vol. Cet intendant n’est autre que l’amant déguisé d’Élise, qui tâche de gagner la tendresse d’Harpagon en donnant dans ses maximes et en applaudissant à ce qu’il fait. Valère se croit dénoncé et au langage de l’Avare, s’imagine qu’il s’agit non de sa cassette mais de sa fille, ce qui amène de plaisants malentendus. À la fin, il se trouve que ce sont les enfants d’Harpagon qui ont fait disparaître la précieuse cassette afin de forcer leur père à abandonner ses projets. Le seigneur Anselme, qui n’est autre que le père de Valère et de Marianne, renonce à Élise en faveur de son fils, et l’Avare renonce à son tour à Marianne, consent à tout, à condition qu’Anselme fasse les frais de ces doux mariages et qu’on lui rende sa chère cassette.

La comédie de L’Avare n’eut pas d’abord tout le succès qu’elle méritait parce qu’elle était écrite en prose. On croyait à cette époque qu’une bonne comédie ne pouvait s’écrire qu’on vers.



domingo, 20 de abril de 2014


Le Sicilien ou l'Amour 

peintre


C'est une comédie de Molière en un acte, sur une musique de Jean-Baptiste Lully. Cette pièce, précurseur du style nommé opéra-comique, mêle chant, danse et comédie. La première représentation de cette œuvre a été donnée le 5 janvier 1667 à Saint-Germain-en-Laye.

La Comédie-Française, accompagnée de l'ensemble Les Arts Florissants, l'a redonnée en 2005 et 20061. Le film Mort sur le Nil (1978) se termine par une citation de la scène VI faite par Hercule Poirot : « La grande ambition des femmes est d'inspirer l'amour » 


sábado, 19 de abril de 2014

Pastorale comique



PERSONNAGES

IRIS, jeune bergère.
LYCAS, riche pasteur.
FILÈNE, riche pasteur.
CORIDON, jeune berger.
BERGER ENJOUÉ.
UN PÂTRE.

La Pastorale comique est représentée à partir du 5 janvier 1667, à la place de Mélicerte, comme troisième entrée du Ballet des Muses, composé par Benserade. Molière ne fait pas imprimer cette esquisse, dont il ne subsiste que les vers chantés, avec la simple indication des scènes récitées, que nous a conservés la 2e édition du livret du Ballet des Muses faite par Robert Ballard, seul imprimeur du Roi pour la musique. Cela est d’autant plus regrettable qu’il aurait été précieux pour nous de connaître précisément les variations comiques que Molière se permettait ici sur la pastorale, genre fort goûté à la cour.
Si Mélicerte est une comédie pastorale héroïque, les personnages de la Pastorale comique, dont le ton est résolument burlesque, sont des caricatures de héros. Deux riches pasteurs, Lycas et Philène, aiment la jeune bergère Iris, qui leur préfère Coridon. Ils songent donc à se donner la mort dans leur désespoir d’amour, mais, fort heureusement, ils y renoncent bientôt.
L’intérêt de cet acte mêlé de musique et de danse tient à un détail qui n’a pas été assez remarqué : le rôle de Lycas, d’après les « Noms des acteurs » fourni par le livret Ballard, est tenu par Molière, alors que ceux de Philène, du Berger enjoué et de l’Égyptienne qui intervient à la dernière scène, sont confiés à des chanteurs professionnels. Certes, la partie chantée par Lycas est moins longue que celle de Philène, mais cela indique néanmoins que Molière, à l’occasion, peut être aussi chanteur, en tout cas sur le mode comique.


vidéo 


jueves, 17 de abril de 2014

L'Amour médecin


C'est une comédie-ballet en trois actes et en prose écrite par Molière sur une musique de Jean-Baptiste Lully, représentée pour la première fois au château de Versailles par ordre du Roi le 14 septembre 1665, et donnée ensuite à Paris au Théâtre du Palais-Royal le 22 septembre 1665 par la troupe du Roy. Il s'agit de la première pièce mise en scène par la troupe de Molière en tant que troupe du Roy.


Résumé



Confrontée à l'austérité d'un père qui lui refuse d'épouser Clitandre, Lucinde décide de feindre la maladie avec la complicité de Lisette, sa suivante. Sganarelle, le père, décide alors de faire venir des comperes , dont il constate bien vite l'incompétence. Lisette annonce alors qu'elle connait un médecin révolutionnaire qui fait des miracles. C'est ainsi que, déguisé en docteur, Clitandre parvient à approcher Lucinde pour la première fois, puis à l'épouser en prétextant un mariage fictif comme remède psychologique qui, finalement, est bien réel !


miércoles, 16 de abril de 2014

Dom Juan 


Dom Juan1 ou le Festin de pierre est une comédie2 de Molière en cinq actes (comportant respectivement trois, cinq, cinq, huit et six scènes) et en prose jouée pour la première fois le 15 février 1665 au théâtre du Palais-Royal. Elle portait alors le titre Le Festin de Pierre, mais Molière n'ayant pas publié la pièce de son vivant, le titre est devenu Dom Juan ou le Festin de Pierre en 1682 lors de sa première édition dans les Œuvres posthumes de Monsieur de Molière  : ce nouveau titre devait servir à distinguer la version originelle de Molière — en prose — de la version versifiée (et édulcorée) par Thomas Corneille qui était depuis 1677 à l'affiche du Théâtre Guénégaud (sous le nom de Molière) et qui avait conservé le titre primitif du Festin de Pierre3. En 1683 parut à Amsterdam une édition établie probablement à partir d'une copie de comédien, sous le titre Le Festin de Pierre, comédie. Par J.B.P. de Molière. Les historiens du théâtre s'accordent à présenter cette édition hollandaise comme la plus proche du manuscrit originel de Molière: outre le rétablissement du titre originel, y figurent les passages les plus audacieux qui ont été censurés dans l'édition officielle publiée à Paris en 1682.

Résumé de la pièce


ACTE I 

Gusmon, écuyer de Done Elvire, converse avec Sganarelle, valet de Dom Juan. Il ne comprend pas que Dom Juan ait abandonné Done Elvire, qu'il avait épousée après l'avoir enlevée du couvent.

Sganarelle, désinvolte, répond aux interrogations de Gusman. Il lui enlève ses illusions et esquisse un portrait de son maître, libre penseur, "grand seigneur méchant homme" et " épouseur à toutes mains" . Arrive Dom Juan : il confie à Sganarelle que seule la conquête l’intéresse. Il évoque l’inconstance de l’amour et dévoile à son valet le secret de son propre caractère : il ne peut s'attacher à aucune femme, et rêve, tels les grands conquérants, de succès sans cesse recommencés. Le voici libre de se lancer dans une nouvelle "entreprise amoureuse" : il s'agit d'enlever une belle, au cours de la promenade en mer que lui offre son fiancé. Mais survient Elvire, douloureuse et indignée. Elle reproche à Dom Juan sa trahison et lui demande des comptes. Dom Juan se réfugie dans une impudente hypocrisie et lui répond avec le cynisme le plus odieux. Elvire appelle sur lui la punition du ciel et le quitte en le menaçant de sa vengeance. Dom Juan, impassible, s’apprête à mener à bien "l’entreprise amoureuse" dont il a parlé à Sganarelle

ACTE Il

Dom Juan a échoué dans son entreprise amoureuse. Alors qu’il souhaitait enlever la jeune fille en mer, une bourrasque a retourné sa barque. Il n’a été sauvé que grâce à l’intervention de Pierrot, un paysan. Pierrot et Charlotte discutent de ce sauvetage. Le jeune homme raconte comment il a sauvé du naufrage un grand seigneur magnifiquement vêtu.

Mais cet accident n’a pas tempéré les ardeurs de Dom Juan. A peine remis de ses émotions, Il fait les yeux doux à une jeune paysanne, Mathurine. Pierrot sort et Dom Juan entre en scène. Il entreprend de séduire Charlotte et lui promet le mariage. Charlotte, un moment hésitante se laisse gagner par l'ambition de devenir une noble dame. Pierrot, de retour, trouve Dom Juan baisant la main de Charlotte. Il se fâche, s’interpose mais doit vite quitter la scène sous les soufflets de celui qu’il vient pourtant de sauver de la noyade. Sganarelle essaye de s'interposer et reçoit quelques gifles qui ne lui étaient pas destinées.

Dom Juan fait la cour à Charlotte. Mathurine, la jeune paysanne qu’il a séduit précédemment, apparaît . Les deux paysannes se jettent l'une à l'autre les promesses de mariage que Dom Juan leur a faites. Le séducteur tente de persuader chacune d'elles qu'elle est la seule aimée.  Un valet vient prévenir Dom Juan que des hommes armés sont à sa recherche. Il prend la fuite.

ACTE III

Dom Juan, en habit de campagne et Sganarelle, en robe de médecin, font route à travers la forêt. Dom Juan confie à Sganarelle son scepticisme sur la médecine. Elle est selon lui un tissu d'absurdités. Il lui indique aussi qu'il ne croit pas plus en Dieu qu'à la médecine. Sganarelle, scandalisé une fois de plus, tente de démontrer l'existence de Dieu. En vain.

Les deux hommes se sont égarés. Ils demandent leur chemin à un pauvre homme qui leur indique le chemin de la ville. L’homme leur fait l’aumône. Dom Juan lui donne une pièce d'or " pour l'amour de l'humanité " .

Dom Juan entend des bruits d’épée. Il porte secours et sauve un gentilhomme attaqué par trois voleurs. Il s’agit de Dom Carlos, l'un des frères d'Elvire parti à sa poursuite. Les deux hommes, qui ne se connaissent pas, ne prennent pas conscience de l'incongruité de la situation.

Dom Alonse, un autre frère d’Elvire les rejoint. Lui, reconnaît Dom Juan l'ennemi de leur famille. Dom Carlos persuade son frère de remettre à plus tard la vengeance contre un homme qui vient si généreusement de lui sauver la vie.

Dom Juan promet à Dom Carlos d'être à ses ordres quand il le souhaitera. Demeurés seuls, Dom Juan et Sganarelle aperçoivent, entre les arbres, le tombeau d'un Commandeur. Il s’agit du commandeur que Dom Juan a tué en duel six mois auparavant. Celui-ci, par bravade, invite la statue du défunt à dîner. La statue incline la tête et indique ainsi qu’elle accepte l’invitation.

ACTE IV

Le soir même, Dom Juan, rentre chez lui, et attend son dîner. Se succèdent chez lui une foule d’importuns : M. Dimanche, son créancier . Dom Juan couvre l’intrus de tant de compliments que celui-ci n’a pas le temps de réclamer son dû. Arrive ensuite Dom Louis, père de Dom Juan, qui reproche à son fils sa conduite déshonorante. Dom Juan ne manifeste vis à vis de son père qu'une froide insolence. Puis c’est le tour d’Elvire. Touchée par la grâce, elle demande à Dom Juan, avant de retourner au couvent, de renoncer au vice et de se convertir en Dieu. Vaine intervention. Dom Juan est pourtant séduit par la jeune femme et a beaucoup de difficultés à la laisser partir. Dom Juan se met enfin à table, mais il a oublié son invité : la statue du Commandeur. Elle invite Dom Juan à dîner le lendemain.

ACTE V

Revirement de situation. Dom Juan annonce à son père qu’il s’est converti. Le vieil homme est touché par cette nouvelle et s'en félicite. Sganarelle, lui aussi se réjouit de la nouvelle. Mais Dom Juan le détrompe vite et lui indique que ceci n’est que pure hypocrisie. Dom Carlos, le frère d’Elvire, vient donner ses ordres à Dom Juan, en lui demandant de rester fidèle à sa sœur. Dom Juan se retranche derrière sa supposée conversion.

Dom Juan est allé trop loin . Le ciel décide de donner une ultime chance à cet effronté : une femme voilée, ayant l’allure d’un spectre et la voix d’Elvire, demande à Dom Juan de se repentir. Dom Juan veut frapper le spectre, mais celui-ci s’évanouit.

Dom Juan a laissé passer sa dernière chance. Surgit alors la statue du Commandeur. Elle rappelle à Dom Juan la promesse qu’il lui a faite : partager avec elle son repas. Elle entraîne Dom Juan dans les abîmes de la terre, en enfer. Sganarelle, resté seul, réclame, en vain, ses gages.

martes, 15 de abril de 2014

Tartuffe de Molière


Le Tartuffe ou l’Imposteur est une comédie en cinq actes (comportant respectivement 5, 4, 7, 8 et 7 scènes) et en vers (1962 alexandrins) de Molière représentée pour la première fois au château de Versailles le 12 mai 1664 dans le cadre des quatre jours de jeux et de spectacles qui avaient prolongé les trois grandes journées de fête intitulées Les Plaisirs de l'Île enchantée. Elle ne comportait alors que trois actes.

On a longtemps cru que Molière l'avait écrite en réaction aux agissements de la très dévote Compagnie du Saint-Sacrement, mais on sait aujourd'hui que cette influence a été considérablement exagérée par les historiens anticléricaux de la fin du xixe et du début du xxe siècle. En fait, dans la mesure où les dévots qui étaient présents à la Cour critiquaient le libertinage des mœurs (et les amours adultères du roi), le luxe, les fêtes, la politique de prestige et même la politique extérieure du royaume, Molière a été tenté, après avoir fait la satire de la conception traditionnelle (et donc catholique) du mariage dans L'École des femmes, de lancer une satire de la dévotion. En proposant un spectacle dans lequel les dévots sont présentés soit comme des ridicules (Orgon) soit comme des hypocrites (Tartuffe), il savait qu'il obtiendrait l'approbation du roi, les applaudissements de la plus grande partie de la Cour et les rires de l'aristocratie mondaine qui était la partie influente de son public dans son théâtre du Palais-Royal. Une thèse est que la pièce fut même une commande personnelle du roi pour le protéger des critiques de l'entourage de la reine-mère sur sa vie privée, la pièce étant jouée pour les Plaisirs de l'Île enchantée alors qu'y était célébré le retour de couches de sa maîtresse Mlle de La Vallière.

Résumé :


L’auteur nous fait pénétrer au sein d’une famille honnête et paisible, tout à coup troublée et désunie par la seule présence d’un étranger hypocrite et faux dévot. Tartufe, qui a su s’emparer de l’esprit de la grand-mère, Mme Pornelle, et de son fils, Orgon, qui donne asile au pieux personnage.


Toutefois Tartufe ne jouit pas de la même faveur auprès du reste de la famille Damis ; l’appelle un « pied plat » et la suivante Dorine, scandalisée de l’empire qu’il a pris sur son maître, s’écrie :

« Certes, c’est une chose aussi qui scandalise
De voir qu’un inconnu céans s’impatronise ;
Qu’un gueux, qui, quand il vint n’avait pas de souliers,
Et dont l’habit entier valait bien six deniers,
En vienne jusque-là que de se méconnaître,
De contrarier tout et de faire le maître. »

Cléante, beau-frère d’Orgon, essaye vainement de le détromper sur le caractère du personnage et cherche à l’éclairer sur la différence qui existe entre la vraie et la fausse dévotion.
Son langage, plein de bon sens et de vérité, ne persuade pas Orgon. Son aveuglement à l’égard de Tartufe va toujours croissant. Il lui promet sa fille en mariage, lui confie un secret d’État qui peut le compromettre gravement ainsi qu’un de ses amis, enfin il déshérite son propre fils, qui a tâché de démasquer Tartufe, et il fait au faux dévots donation de toute sa fortune. C’est Elmire, femme d’Orgon, qui se charge alors d’ouvrir les yeux de son mari. Elle lui fait juger par ses propres oreilles de l’indignité et de l’infamie de Tartuffe. Orgon, convaincu enfin de la perversité de cet homme, l’accable d’injures et lui ordonne de sortir de sa maison.

« La maison est à moi, c’est à vous d’en sortir », s’écrie Tartuffe, en montrant l’acte de donation. Mais ce n’est pas tout la liberté d’Orgon est aussi compromise que sa fortune, car le traître a dévoilé le secret qui lui avait été confié ; il amène lui-même l’exempt et semble triompher de tous points, lorsqu’il est soudain arrêté et jeté en prison par ce même exempt chargé secrètement par le roi de punir Tartufe et de remettre la famille d’Orgon en possession de tous ses biens.

Tartuffe est le chef-d’œuvre de Molière.


Cette pièce a d’abord le mérite de l’intérêt. Toute cette famille, en proie à un personnage horrible, nous inspire de la sympathie : nous y voyons une femme aimable et sage, un fils impétueux, mais honnête et franc, un frère sensé et respectable, une position honorable. Ils étaient heureux et unis, le malheur fond chez eux dès que l’imposteur y a mis les pieds ; c’est tout un monde bouleversé : affections, fortune, honneur, ils sont atteints de tous les côtés.

Quelle vérité dans la peinture des caractères ! Celui de Tartuffe surpasse tout par la profondeur de l’observation. Quel art de nous le montrer, dès l’exposition, par les sentiments qu’il excite chez tous les membres de la famille, tout en attendant le troisième acte pour le faire paraitre ! Comme dès qu’il entre en scène, il précipite l’action ! Et Orgon est aussi parfait que Tartuffe lui-même ! C’est la dupe idéalisée. Et tous les personnages, jusqu’à la vieille madame Pernelle, aussi infatuée que son fils, et Dorine, la suivante à la langue affilée, sont des chefs-d’œuvre en leur genre.

On a blâmé le dénouement comme fondé sur des moyens étrangers à l’action. En cela on a oublié que cette scélératesse est si criminelle qu’elle exige un châtiment plus sévère que la simple expulsion de la famille, et qu’elle est si dangereuse qu’il faut pour la briser l’action d’une force supérieure.

Au point de vue moral, Tartuffe excita de vives controverses entre les mondains et les gens sérieux. Bourdaloue s’arma contre lui de sa dialectique ; Bossuet, de son impétueuse éloquence. On fut injuste envers Molière : il n’avait pas l’intention d’attaquer la vraie religion, et les hommes religieux l’auraient dû sentir. Le portrait qu’il trace est vrai ; l’hypocrisie reçoit une flétrissure méritée, et le temps comportait une pièce de ce genre. Mais c’est une question de savoir jusqu’où peut aller le langage de la piété sur le théâtre, et dans une telle bouche. Chez les âmes religieuses, il y aura toujours un mouvement douloureux en entendant profaner l’expression de ce qu’elles respectent. Tartuffe, sans doute, est le coup le plus dangereux porté, non à la religion, mais aux attitudes religieuses. Cependant, il faut en convenir, le nombre des apologistes du Tartuffe serait moins grand s’il se bornait à celui des ennemis de l’hypocrisie. Bon nombre de ceux qui l’ont applaudi haïssaient quelque autre chose encore que l’hypocrisie.